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Les fusions-acquisitions dans le domaine de la signature électronique

L’œil de l'expert !


Le marché de la signature électronique s’est développé depuis une quinzaine d'années, au départ, adoptée par les particuliers américains pour sécuriser leurs achats immobiliers. Leur adoption progresse ensuite via les entreprises dans leur mouvement de transformation digitale, leur évitant une rupture de la chaîne digitale, au moment décisif de l'accord lors d’un processus de contractualisation.
L'entrée en vigueur du règlement européen eIDAS en 2016 donne encore de l’élan à ce marché, apportant à la signature électronique un cadre juridique unifié dans toute la zone européenne.


L’intérêt de ces solutions par les investisseurs est avéré dès 2018 avec de nombreuses levées de fond d’acteurs de la signature électronique : en 2018, Yousign et Universign lèvent respectivement 3 et 12 millions d’euros. Et en 2019, Yousign réalise sa 3ème levée de fonds. Début 2020, Signaturit lève 7 millions d'euros. En octobre 2020, l’assurtech Lya Protect réalise un premier tour de table, à hauteur de 550 000 euros pour intégrer de nouvelles fonctionnalités (dont la signature électronique). Yousign lève 30 millions d'euros en juin 2021 pour se positionner comme leader du marché des TPE et PME.


Alors que la digitalisation s’amplifie depuis plusieurs années, 2020 a été l’année d’une réelle prise de conscience des organisations de la nécessité d’accélérer et d’étendre leur transformation. La crise sanitaire a contraint les entreprises et organisations publiques à digitaliser davantage leurs procédures métiers. Facteurs déclenchant, les confinements successifs et la réduction des déplacements leur ont imposés de trouver des alternatives adaptées pour poursuivre leurs activités. Les solutions de signature électronique, déjà portées par un environnement règlementaire favorable et des technologies matures, ont ainsi vu leurs adoptions s’amplifier et s’imposer dans les organisations de toute taille, au sein des différentes directions. La signature électronique est ainsi devenue un réel impératif pour les organisations.


Aujourd’hui, bien que déjà largement adoptée, le déploiement de la signature électronique reste partiel dans les organisations, souvent, déployée uniquement dans certaines directions, ou sur certaines offres ou certains parcours. Son adoption se poursuit donc : tandis que chez certaines grandes entreprises, un mouvement de rationalisation des solutions utilisées apparait afin d’uniformiser le choix d’une solution unique pour les différents services et filiales, le taux d’adoption
des plus petites entreprises poursuit son inéluctable progression.


Ainsi, le marché de la signature électronique devrait croitre de plus de 18% en 2023 et atteindre un volume d’affaires de 193 millions €.

 

Une consolidation des acteurs en l’espace de 2 ans

De nombreux acteurs, de différents profils, se sont positionnés sur ce marché :

  • Des leaders de dimension internationale comme Docusign et Adobe,

  • Des spécialistes locaux de la signature électronique comme Vialink, Signaturit (ex-Universign), Yousign, Lex Persona, Ariadnext, devenu IDnow France,

  • Des grands opérateurs de services externalisés comme Docaposte et Tessi.

 

Au-delà des solutions de ces leaders, de nombreuses autres complètent ce marché comme : Docage (Intuiteo), Docoon, SignRequest (Box), LiveConsent, Dropbox Sign (ex-HelloSign), COSI (Luxtrust), Sunnysign (Chambersign), i-Parapheur (Libriciel scop), GetAccept, iXSign (SRCI), Quicksign, SignNow by airSlate, Connective (Nitro), Izisign (Primobox/Groupe Septeo), Woleet Sign, Xodo Sign (ex-eversign), etc.


Devenu une nécessité, la brique fonctionnelle de la signature électronique est apparue ces dernières années comme une cible majeure des acteurs de la digitalisation de processus, que ce soit pour accéder à cette technologie, pour leur apporter de la croissance, ou encore atteindre de nouveaux marchés.

Ainsi, la profusion d’offres a laissé place à de nombreuses opérations d’acquisition sur le marché :

  • Box a racheté SignRequest en février 2021 pour intégrer en natif à son offre la technologie de signature électronique ;

  • Sell&Sign est acquis par Oodrive en avril 2021 pour renforcer son offre oodrive_sign ;

  • Le fournisseur allemand de services d'identification Idnow a acquis la société rennaise Ariadnext, solutions d’identité digitale et signature électronique, en juin de la même année ;

  • En novembre 2021, Universign a rejoint Signaturit et Ivnosys afin d’offrir en Europe une offre complète en matière de gestion des transactions numériques et de services de confiance ;

  • Toujours en novembre, Nitro a annoncé un accord pour acquérir le fournisseur belge Connective dans le but d'accélérer et d'améliorer ses capacités de signature électronique, d'identité numérique et de flux de travail de documents ;

  • En janvier 2021, Docaposte a annoncé le rachat des activités de signature électronique et de coffre-fort numérique d’Idemia pour son développement européen. L’opération est effective au 1er janvier 2022 ;

  • En octobre 2022, Docoon est acquis par Odyssey Messaging/DPII, renommé Docoon, pour consolider son positionnement d’éditeur de référence de solutions de confiance numérique :

  • En novembre 2022, Xodo Sign (ex-eversign) est acquis par Apryse/PDFTron.

 

Ralentissement de la concentration et diversification des acteurs

Après ces nombreuses opérations, le mouvement de concentration se poursuit plus doucement. On peut noter les acquisitions par Septeo en 2023, de Primobox (dont Izisign) pour proposer une plateforme de dématérialisation documentaire à ses cibles métiers (notaires, avocats, immobilier, direction juridique, DRH) et celle par Docaposte de Thiqa, cabinet d’experts spécialisé dans les solutions d’identification, d’authentification, de signature et d’archivage.

Si la crise sanitaire a entraîné une croissance fulgurante du nombre d’utilisateurs et des revenus des fournisseurs de solutions de signature, les niveaux de croissance vont s’éroder à mesure que l’équipement des organisations augmente. Ils restent encore dynamiques avec une progression annuelle de +15,9% en moyenne d’ici 2027.

En parallèle des acquisitions de solutions de signature électronique par des acteurs plutôt généralistes, les spécialistes, eux, diversifient leur offre. En effet, la signature électronique est entourée d’un carcan normatif lié aux exigences réglementaires eIDAS. Les solutions se différencient donc peu du point de vue fonctionnel et sont potentiellement « interchangeables ».


Les spécialistes du domaine cherchent donc à étendre leur offre en intégrant la signature électronique dans un contexte de processus métier en amont et en aval de la signature, en complétant leur offre avec des fonctionnalités de workflow, de gestion de la connaissance client (KYC), de gestion de contrats, de gestion d’identité, etc.


Ainsi, en janvier 2022, Yousign a acquis Canyon, logiciel de gestion de contrats ou Contract Lifecycle Management (CLM), dédié aux TPE-PME sur le marché européen. Docusign propose également une nouvelle offre de gestion du cycle de vie des contrats pour les PME.

 

Aurélie Leleu
Senior Research Analyst,
chez Markess by Exaegis